Bilan des deux premiers GP de la saison – Débriefing – Grand Prix d’Australie et Grand Prix de Malaisie

9 04 2012

Soyons clair : le début de cette nouvelle saison tient toutes ses promesses et augure d’un championnat riche en rebondissements. En effet, si d’un point de vue hiérarchique McLaren semble avoir mis un terme à l’hégémonie de Red Bull, Lotus, Mercedes, Sauber et Williams ne sont pas en reste et promettent d’animer le peloton cette année. En outre, 2012 sera l’année des révélations : sportive avec un Sergio Perez tout feux tout flamme qui est en train « d’exploser » chez Sauber, mais aussi technique, avec la (ré-)introduction du F-duct (et W-duct) de Mercedes, tant controversés. Rapport des forces en présence suite aux deux premières courses du championnat.

McLaren : l’art n’est pas mort !

Difficile de tirer des conclusions précises à ce stade de la saison. Le constat le plus évident, et peut-être le plus rassurant, consiste dans la relative supériorité des McLaren-Mercedes. En effet, l’écurie de Woking, qui a choisi sciemment de naviguer à contre-courant en refusant la philosophie des « marches » sur le museau des voitures, a tout simplement réalisé un carton plein en qualifications sur les deux premières épreuves, en monopolisant à chaque fois la première ligne de la grille.
Jenson Button, après avoir décroché une très belle victoire en Australie, aurait tout aussi bien pu viser le même résultat à Sepang s’il n’avait pas croisé le chemin de Narain Karthikeyan. Le Britannique avait en effet, comme cela est en train de devenir une habitude désormais, réussi à dénicher la bonne stratégie dans des conditions météorologiques très changeantes. Malheureusement, son incartade avec le pilote indien l’a relégué en dehors des points, mais au vue de la bonne forme de la MP4-27 et des nouveaux pneus Pirelli à « haute dégradation », on peut estimer que ce n’est que partie remise.

Sans cet accrochage stupide avec Karthikeyan, Button aurait pu prétendre à la victoire à Sepang.

De l’autre côté du garage McLaren, Lewis Hamilton témoigne toujours d’une pointe de vitesse exceptionnelle et d’un sens de l’attaque particulièrement aiguisé en qualifications. Las, cet avantage sur un tour se métamorphose en inconvénient le dimanche avec les nouveaux Pirelli, souffrant du pilotage agressif de l’Anglais. Ce dernier doit encore progresser sur cet aspect capital des courses modernes et parvenir à remobiliser l’équipe autour de lui, comme ce fut le cas à ses débuts en 2007/08/09. S’il n’y parvenait pas, nul doute que la tentation d’aller voir si l’herbe est plus verte  ailleurs en 2013 se fera ressentir…

Red Bull : une première banderille pour le taureau rouge

Il s’agit là de la première zone d’incertitude de ce début de saison. Après la suprématie des taureaux de Milton Keynes en 2010 et 2011, on savait que cette nouvelle saison allait être le témoin d’une corrida acharnée. Et après les GP d’Australie et de Malaisie, il semble bien que les toréadors soient parvenus à faire mettre un genou à terre à l’écurie double championne du monde en titre. Mais attention : une bête blessée reste toujours dangereuse.

Le coup de chaud de Kuala Lampur a quelque peu refroidi les prétentions de Vettel en ce début de saison.

Red Bull semble souffrir en ce début de saison de l’interdiction du diffuseur soufflé, autrefois apanage et fierté d’Adrian Newey. Cependant, la belle remontée de Sebastian Vettel en Australie, où il se fit un chemin depuis la 6e place jusqu’à la deuxième marche du podium, ainsi que sa superbe qualification, en pneus durs en Malaisie, soulignent que l’Allemand est disposé à remettre l’ouvrage sur le métier et que sa voiture, si elle n’est peut-être pas la F1 ultra-dominatrice des deux dernières saisons, sera à n’en pas douter dans le coup cette année.
Il sera intéressant de voir la réaction de Vettel après ce début de championnat quelque peu laborieux, et d’observer plus particulièrement son comportement dans des conditions difficiles et dans un environnement très concurrentiel. On a souvent entendu dire que Vettel ne détenait aucun mérite à voguer vers la victoire en partant tranquillement depuis la pole position à chaque GP. Celui-ci se voit offrir une opportunité de tordre le cou à ces préjugés. Il doit pour cela continuer à souder l’équipe autour de lui et regagner son sang-froid, c’est à dire en n’adoptant pas de réactions disproportionnées lorsque un grain de sable vient troubler son plan de marche. En effet, l’Allemand ne doit pas réitérer ses agressions verbales observées envers Karthikeyan suite à l’accrochage qui a ruiné la course en Malaisie, et se reconcentrer pour remédier au plus vite aux petits problèmes que rencontre le châssis de la RB8.

Ferrari : l’arbre qui cache la forêt

On n’aimerait pas se retrouver dans la position actuelle des membres de l’équipe Ferrari : une disette de titre constructeurs depuis 2008, et de titre pilote depuis 2007 et le sacre de Kimi Raïkkönen ! Aberrant pour une marque aussi prestigieuse et jouissant de moyens financiers et techniques à nul autre pareil. La restructuration de l’équipe entamée avec le limogeage du directeur technique Aldo Costa au profit de Pat Fry, en provenance de McLaren, n’a pas encore porté ses fruits et le cheval cabré semble même s’être totalement fourvoyé en s’obstinant à adopter une philosophie radicale pour la conception de la F2012.
Cependant, les premiers résultats de la saison, quel qu’ils soient, doivent être pris avec des pincettes. En effet, la contre-performance enregistrée en Australie, sur un circuit pour le moins atypique et non représentatif de la plupart des tracés, et la victoire de Kuala Lampur, glanée dans des conditions météos versatiles, ne permettent pas de se faire une idée exacte de la véritable valeur du nouveau pur-sang de Maranello. Les saisons passées, les monoplaces rouges souffraient d’un sous-viragechronique qui déséquilibrait la voiture.

'La victoire ne change rien,' a déclaré un Fernando Alonso réaliste au soir du GP de Malaisie.

Or, avec les nouvelles réglementations 2012 conférant aux nouvelles voitures une propension au sur-virage, on pourrait penser que la nouvelle Ferrari ai trouvé un nouvel équilibre naturel, et que les déclarations du staff italien, estimant ne pouvoir viser le titre cette année, ne soit que de l’intox et une façon d’avancer masqué. A voir. Reste qu’entre le GP de Malaisie et le GP de Chine, la Scuderia dispose de trois bonnes semaines pour phosphorer et apporter des premières améliorations sur la voiture.
Après tout, pour une équipe supposée être « à la rue », Ferrari et surtout son pilote numéro 1 Fernando Alonso ont plus que sauvé les meubles : l’Espagnol trône en tête du classement pilotes et la Rossa occupe la 3e place du championnat constructeur, à 20 longueurs de McLaren et à 7 petits sésames de Red Bull.

Mercedes : le talon d’Achille : les pneus

En termes de vitesse pure, la firme à l’étoile a opéré un bond en avant indéniable cette année. En qualifications, les flèches d’argent représentent sans doute à l’heure actuelle la deuxième force du plateau, grâce à l’implémentation d’un nouvel F-duct « passif », qui permet, en actionnant le DRS (Drag Reduction System), de libérer deux petites canalisations situées à l’intérieur de l’aileron arrière afin de rediriger le flux d’air sur l’avant de la monoplace et de caler/stabiliser l’aileron avant et réduire par conséquent  les turbulences à la sortie de celui-ci.

Le F-duct "passif" est-il légal ? Réponse définitive au GP de Chine.

Cependant, en course la Mercedes W03 souffre d’un grave problème au niveau des pneus. En effet, la monoplace argentée est extrêmement gourmande et exigeante vis-à-vis des nouvelles gommes Pirelli. Par conséquent, les Mercedes connaissent une chute mirobolante de leur performance entre les qualifications et la course. Un seul point grappillé lors des deux premières manches et une 9e place au championnat constructeurs absolument pas représentative des capacités tacites de la W03
Au moins les axes d’amélioration sont clairs pour l’écurie de Brackley lors de cette trêve de trois semaines. Cependant, il ne faut pas occulter les remarquables performances de Michael Schumacher, qui a renvoyé à deux reprises en deux séances de qualif’ son équipier Nico Rosberg à ses chères études. Le septuple champion du monde semble avoir trouvé une seconde jeunesse, et il est vraiment dommage que sa course ait été écourtée à Melbourne en raison d’un problème de boite de vitesses, et que sa course malaisienne soit compromise suite à un accident avec Romain Grosjean.
En somme, si Mercedes parvient d’ici Shanghai à pallier à ses problèmes de pneus, ses problèmes mécaniques et ne soient pas l’objet d’accrochages stupides, alors tous les espoirs seront permis, y compris ceux de podiums et de victoires

Lotus : tout à gagner

Encore une zone d’ombre. Personne n’oserait dire que la nouvelle Lotus n’est pas dans le coup cette saison, mais comme c’est le cas pour d’autres écuries, l’équipe d’Enstone a peiné à concrétiser en résultats tangibles ses belles prestations en qualifications. Les 3e et 5e places de Grosjean lors des deux premières séances de qualif’ semblent démontrer que Lotus F1 Team se partage le titre honorifique de 3e force du plateau avec Mercedes. Mais là encore, nous ne parlons que de classement virtuel, car en course le pilote français n’a jamais pu couvrir plus de deux tours. Difficile donc de connaitre la véritable valeur de la voiture sur toute une course, même si Romain assure que des podiums réguliers représentent des objectifs réalistes.

A contresens. Grosjean a fait preuve d'une grande célérité pour son retour, mais a aussi souvent confondu vitesse et précipitation.

Dans le même ordre d’idée, Raïkkönen aurait-il pu se battre pour le podium en Australie et en Malaisie s’il n’avait pas été pénalisé lors de ses deux séances de qualifications ? Et s’il n’aurait pas fait l’objet d’un KERS défaillant en Malaisie et de problèmes de direction récurrents sur la Lotus ? Une perte de temps dans les stands en Australie l’a empêché de boucler un tour pour se hisser en Q2 et une pénalité de 5 places sur la grille en Malaisie, suite à un changement de boite de vitesses, ont compromis les courses d’Iceman, en dépit de belles remontées dans les deux cas. On a hâte de voir le résultat lorsque Grosjean ne commettra pas d’impairs et que Raïkkönen débutera un GP à une place réellement représentative de sa pointe de vitesse.
De nouveaux enseignements arriveront peut-être plus tôt que prévue, dès le GP de Chine par exemple…

Le retour de  la théorie du complot…

L’erreur de Sergio Perez alors que celui-ci talonnait Fernando Alonso à six tours du drapeau à damier du GP de Malaisie a fait couler beaucoup d’encre. Et pour cause : des suspicions sont d’emblée apparues quant à la véritable volonté de l’écurie helvétique d’aller chercher la première place au détriment de son fournisseur de moteurs… Ferrari, d’autant plus que le Mexicain venait de recevoir un message radio équivoque : Checo [surnom donné à Sergio Perez, NDLR], fais attention, nous avons besoin de ce résultat’. La lumière ne sera jamais faite sur cette affaire, mais ce scénario demeure peu probable à l’heure où le cheval cabré ne joue pas le titre. De plus, le fait que Perez et Sauber échouent à la deuxième place semble davantage le fait d’une succession de petites erreurs de « débutant ».

La course était déjà perdue pour Sauber avant l'erreur du Mexicain au 50e tour.

Rappelons-nous que le pilote mexicain n’en est qu’à sa seconde saison en F1 et que l’équipe suisse, en dépit d’une présence sur la grille proche de 20 ans, ne s’était jamais retrouvée en position de jouer la gagne. Face au double champion du monde Fernando Alonso et à l’équipe chevronnée du Cavallino Rampante, cela représentent des déficits d’expérience considérables.
Sergio Perez n’a en effet pas perdu le GP au moment de son écart de trajectoire : une première erreur a été produite lors de son changement de pneus au 41e tour. Le Mexicain avait alors le choix entre deux options gagnantes : soit rentrer plus tôt qu’Alonso pour chausser des slicks et claquer des tours ultra-rapides alors que l’Espagnol voyait ses intermédiaires partir en déconfiture sur une piste s’asséchant, soit à l’inverse retarder d’un tour supplémentaire son pit-stop afin de bénéficier de l’avantage de pneus à température alors qu’Alonso devait lui s’employer à chauffer ses slicksSauber a finalement opté pour une stratégie conservatrice qu’on ne pourra lui reprocher au regard de son manque d’expérience. L’écurie suisse a en effet choisi une 3e option, médiane mais surtout de « suiveuse », s’empressant de faire rentrer Perez un tour après Alonso, calquant sa stratégie, avec un temps de retard, sur la Scuderia.
Deux autres erreurs, toujours dans les stands : des problèmes d’embrayage lorsque la C31 a été relâchée de son emplacement, puis un premier virage mal négocié par le Mexicain, qui lui ont valu de précieuses secondes. Pour finir, pourquoi avoir envoyé un message codé à Perez alors que les consignes de course ont été  ré-autorisées récemment ? Ce message ne devait pas signifier une interdiction de dépasser la Ferrari, mais simplement de redoubler de vigilance sur une piste piégeuse alors que Sauber se dirigeait vers le meilleur résultat de son histoire.

Massa dans le rouge ?

Rien ne va plus pour le Brésilien : distancé en Australie en raison de problèmes de châssis, Massa n’a été que l’ombre de lui-même en Malaisie alors que son équipier Alonso triomphait des éléments pour conquérir une victoire inespérée au volant de la rétive F2012. Cette fois-ci, la faute incombait aux pneus Pirelli. Si la Scuderia fait front avec le natif de Sao Paulo devant les média, de nombreuses questions se font jour quant à la capacité du Brésilien à terminer sa saison chez Ferrari. Effectivement, alors que Felipe galérait en queue de peloton avec les Caterham, Perez, issu de la filière des jeunes pilotes Ferrari est-il nécessaire de le rappeler, menait la vie dure à Alonso. Comme un contraste… et tout cela sur une « modeste » Sauber.

Massa doit faire face à de nombreuses critiques en ce début de saison.

2012  pourrait donc donner lieu à un véritable shootout contre le pilote brésilien, qui officie au sein de la Rossa depuis 2006. La volonté de Ferrari de rafraichir son line-up, et l’opportunité de tester Jules Bianchi (bientôt un quatrième pilote français en F1 ?) en conditions de course chez Sauber, si Perez venait à être promu pilote Ferrari, constituent des arguments suffisant pour justifier le renvoi de Felipe Massa.
Néanmoins, il est probable que la Scuderia attende d’abord une réaction de son second pilote à la suite du break de trois semaines qui sépare le GP de Malaisie du GP de Chine. De même, le possible remerciement de Massa représenterait ni plus ni moins une rupture abusive de contrat, et nuirait à la stabilité de l’équipe, ce dont Ferrari se passerait bien à l’heure où ses performances implicites sont en berne. Il semble évident que Felipe n’effectuera pas une huitième saison en rouge, mais si le Brésilien parvient à redresser la barre durant les prochaines courses, il pourra alors envisager d’aller au bout de son engagement avec le Cavallino Rampante.

Ça bouge dans le peloton

Passées les têtes d’affiche, d’autres bonnes surprises sont à signaler en ce début de saison. Williams tout d’abord, qui a fait montre d’une bonne pointe de vitesse, par exemple lorsque Maldonado a suivi sans aucun mal la Ferrari d’Alonso durant de nombreux tours sur l’Albert Park, ou bien lorsque Bruno Senna est remonté des tréfonds de la grille jusqu’à une probante 6e place en Malaisie. Il est simplement dommage que Maldonado ai du abandonner à un tour du but lors des deux GP, en raison d’une erreur de pilotage en Australie, puis d’une casse moteur à Sepang. Les résultats de l’écurie de Grove laissent apparaitre en filigrane une dynamique positive, tout autre que celle observée en 2011, où Williams n’avait inscrit que 5 points au championnat constructeurs. Il n’aura fallu en effet que deux courses en 2012 pour que l’équipe anglaise dépasse son score de l’an passé…Tout est dit.

Caterham et Williams semblent avoir revu leurs objectifs respectifs à la hausse cette saison.

Plus bas dans la hiérarchie, Caterham commence à toucher les fruits de son travail en s’approchant très clairement du ventre mou du peloton. Ainsi, Heikki Kovalainen a réalisé en Malaisie un tour de qualification situé à seulement trois dixièmes de Jean-Éric Vergne… Et avec un package doté du moteur Renault, d’une boite de vitesses et d’un KERS (enfin !) estampillés Red Bull, tous les espoirs sont permis.
De bonne augure pour les premiers points de l’histoire de l’écurie en 2012, objectif avoué de Caterham cette saison.

La F1 est-elle capable d’apprendre de ses erreurs ?

La F1 a échappé au ridicule en Malaisie. Comme c’est le cas depuis 2001, le formula one circus se déplace à Sepang en pleine période de mousson. Comme c’est le cas depuis 2009, le départ est donné en fin d’après-midi, peu de temps avant le crépuscule. Comme ce fut le cas en 2009, la course a été arrêtée au drapeau rouge du fait des intempéries. Au contraire de 2009, la course a finalement pu reprendre son cours mais la supposée catégorie reine du sport auto a frôlé la fumisterie.
A l’heure où Bernie Ecclestone déclare que l’avenir de la F1 n’est plus en Europe, faute de spectateurs, il y a un fond d’ironie à observer que la la discipline se force à courir aux antipodes tout en retardant l’horaire des départs pour satisfaire le public…européen ! En témoignent l’Australie, Singapour, et consort… Et que, au passage, les tribunes ne sont sans doute pas aussi remplies en Malaisie qu’en Belgique (loin de là !). Les autorités sportives feront-elles preuve de sagesse en changeant la date du GP de Malaisiepour un créneau plus tardif dans le calendrier ? L’heure initiale du départ de la course sera t-elle rétablie à l’avenir ? Rien n’est moins sûr…

Risible. Vous avez oublié de passer à l'heure d'été ce weekend ? Pas grave, la F1 a retardé son départ de près d'une heure !





Feu vert pour les bleus ?

2 11 2011

Les mercatos se suivent et ne se ressemblent pas en Formule 1, au plus grand bonheur des Français. En effet, l’hexagone a du se résigner ces dernières années à voir le plateau F1 déserté par les tricolores, mais la situation est bien différente cette saison.

Ainsi, ils sont quatre pilotes français à être sur les rangs afin de décrocher un contrat pour 2012. Si Romain Grosjean s’avère le plus légitime avec le titre GP2 Series en poche, les bonnes performances de Jean-Éric Vergne et de Jules Bianchi dans leurs catégories respectives, ainsi que le rapprochement entre Charles Pic et Marussia Virgin Racing sont autant d’espoirs de voir très prochainement un pilote français se glisser dans le baquet d’une F1.

La situation sur le marché des transferts

Partira, partira pas ? L'avenir de Sutil pourrait bien redistribuer les cartes.

Une chose est sûr : le marché des transferts est d’ores et déjà clôturé pour ce qui est des quatre top teams. En réalité, celui-ci n’a jamais réellement débuté. Si des doutes ont un certain temps plané sur l’avenir de Mark Webber, Felipe Massa et Michael Schumacher, ceux-ci se sont évaporés et on a finalement assisté à la reconduction de l’intégralité des contrats du haut de tableau.

Dans le peloton, Sauber et Team Lotus ont eux aussi confirmé leur line-up pour 2012, qui demeureront inchangés. Par ailleurs, Williams devrait officialiser sous peu le retour de Kimi Räikkönen en lieu et place de Rubens Barrichello, apparemment démotivé et dont les récents résultats ne plaident pas en sa faveur. Force India devrait quant à elle indiquer le chemin de la sortie à Adrian Sutil pour titulariser Nico Hülkenberg, dont la fin de saison 2010 fut très prometteuse (pole au Brésil à bord d’une Williams et dans des conditions difficiles), mais qui du s’effacer devant les dollars de Pastor Maldonado et de son sponsor titre PDVSA.

Kubica, accidenté en Février dernier, constitue la clé des transferts pour 2012.

Ceci posé, il ne reste donc que quatre écuries susceptibles de présenter des opportunités : Renault, dont les choix reposent essentiellement sur la capacité ou non de Robert Kubica à recouvrir de ses blessures occasionnées par un terrible accident en Rallye en Février dernier. Toro Rosso, qui pourrait une nouvelle fois céder à la tentation d’installer dans l’une de ses monoplaces l’un des poulains du Red Bull Junior Team, mais aussi et surtout Marussia Virgin Racing et HRT, dont le silence radio laisse place à de nombreuses tractations.

Le jeux des chaises musicales est donc loin d’être terminé, bien au contraire, et nos tricolores occupent une place de choix dans cette folle cavalcade automnale. Revue des forces françaises en présence.

ROMAIN GROSJEAN

Et dire que le pilote franco-suisse aurait pu tout laisser tomber fin 2009 à la suite d’une expérience peu concluante en F1 avec Renault…c’était sans compter sa force de caractère et sa capacité à se remettre en question. Ainsi, depuis ces deux dernières années et son éviction de l’écurie au Losange, Romain a réussi dans toutes les disciplines dans lesquelles il s’est engagé : champion en Auto GP avec DAMS en 2010 après un passage en championnat du monde FIA GT1, titré en GP2 Asia Series, il a remporté les GP2 Series à proprement parler cette saison, toujours avec DAMS.

Non content de jouir d’un très bon palmarès, il peut en outre se targuer d’avoir suppléé Nick Heidfeld au poste de pilote essayeur officiel Pirelli, et donc de détenir une expérience non-négligeable des enveloppes transalpines. De plus, son aventure passée en F1, bien que décevante, ne peut que jouer en sa faveur à une période où les écuries rechignent à recruter des pilotes inexpérimentés en raison d’essais privés réduits à peau de chagrin (« rookies tests » en Novembre + 3×3 jours d’essais courant Février, soit en tout et pour tout douze jours de roulage).

Dans le mur. Le bref passage de Romain en F1, chez Renault en 2009, fut tout sauf un succès.

On ne peut en effet lui tenir rigueur de ses résultats lors de sa première apparition en F1, chez Renault en 2009 : Romain du remplacer au pied levé Nelson Piquet Junior en cours de saison sans avoir pu s’entrainer au préalable, se retrouvant coéquipier de Fernando Alonso (rien que ça !), à bord de la rétive R29. Ajoutés à cela les troubles et l’incertitude de l’époque concernant le futur de l’écurie, en raison du scandale du Singapour Gate, et vous obtenez un mélange bien peu propice à la sérénité, surtout pour un nouveau pilote. ‘Ce fut une période inadéquate pour mettre son talent à l’épreuve,’ concède Éric Boullier, directeur de Lotus Renault Grand Prix (LRGP), qui connait bien Grosjean pour avoir dirigé DAMS jusqu’en 2009.

Grosjean et Boullier se connaissent bien depuis l'époque DAMS.

Des signes encourageants semblent indiquer que LRGP pourrait proposer un volant à Romain pour 2012 : l’écurie, depuis le crash de Robert Kubica en Février dernier, s’est retrouvée dépourvue de leader capable de dynamiser la structure et d’aider au bon développement de la R31 : Vitaly Petrov, en dépit de progrès indéniables, ne fait pas figure de messie et tient plus son baquet de par ses soutiens financiers que de par son talent naturel. Passées les premières courses de la saison et l’avantage d’avoir été l’unique pilote essayeur Pirelli durant l’hiver 2010-11, Nick Heidfeld a par la suite marqué le pas et semble à présent au crépuscule de sa carrière. Bruno Senna quant à lui ne détient pas encore un pedigree suffisant pour s’affirmer totalement dans l’équipe et ce, malgré l’injection de capitaux dans la structure par le biais d’un groupe d’investissement brésilien. Grosjean pourrait donc apporter ce surplus de confiance en soi qui manque terriblement à LRGP.

D’ailleurs, les faits récents ne trompent pas : l’officialisation du champion GP2 en titre pour les FP1 des GP d’Abou Dabi (à la place de Senna) et du Brésil (à la place de Petrov), témoigne d’une incertitude sur le duo de pilotes LRGP 2012. En effet, si les deux pilotes titulaires actuels manquent encore d’expérience selon les dires mêmes de la direction du team (Éric Boullier excluait encore début Octobre une possible intervention de Romain les vendredis de GP), il aurait mieux fallu leur réserver l’intégralité des séances d’essais lors de ces deux GP. On peut donc logiquement se demander si le vent ne tourne pas et si ces deux apparitions ne constitueront pas en réalité de véritables évaluations en vue d’une titularisation pour 2012, auquel cas Senna devra laisser sa place au pilote français (Petrov semblant à l’abri de par l’appui de ses sponsors).

L'empereur Romain. Grosjean fut impérial cette saison en GP2.

Pour ce qui est de Kubica, en dépit de son bon rétablissement, son docteur, Riccardo Ceccarelli, n’envisage pas un retour avant quelques mois encore, n’autorisant le Polonais qu’à effectuer des tests en simulateur pour le moment. Le timing semble donc bien trop serré, d’autant plus qu’Éric Boullier veut une réponse définitive sur le retour ou non du Polonais courant Novembre. La faculté même de Kubica de retrouver sa pointe de vitesse après ce grave accident peut être remise en question, d’autant plus si on se réfère à la situation de Felipe Massa, dont la verve et l’agressivité semblent s’être émoussées depuis sa mésaventure au GP de Hongrie 2009 (le Brésilien fut touché à la tête par un ressort échappé de la Brawn de son compatriote Barrichello et fut éloigné des circuits plusieurs mois durant).

Conclusion

Tous les éléments semblent donc converger vers une titularisation en 2012 chez LRGP aux côtés de Vitaly Petrov. Romain détient la légitimité d’un titre GP2, l’expérience des pneus Pirelli, et connait déjà le fonctionnement du team, s’entendant à merveille avec Éric Boullier pour avoir déjà travaillé avec lui durant la période DAMS. Kubica ne semble lui pas en mesure d’être prêt à temps pour le début de la nouvelle saison. Seule une récupération à marche forcée (peu probable) de ce dernier, ou une pression de la part du groupe d’investissement brésilien en faveur de Bruno Senna ou de Rubens Barrichello (qui sera sans doute libéré de chez Williams et représenterait ce pilote expérimenté que LRGP recherche tant) pourrait changer la donne. Il ne reste plus à Romain qu’à passer avec succès le cap des essais libres d’Abou Dabi et d’Interlagos, pour pouvoir s’assurer définitivement un baquet en F1.

JEAN-ERIC VERGNE

Le natif de Pontoise a été le premier pilote français à rouler un vendredi matin. Ce fut à Yeongam, lors du GP de Corée, sur une Toro Rosso et sous une pluie diluvienne. Malgré ces conditions dantesques, « JEV » signa un probant 13e temps et put rentrer chez lui, le sentiment du travail accompli. Jean-Éric fait partie depuis 2008 du Red Bull Junior Team, vivier de jeunes pilotes qui a notamment vu l’éclosion de nombreux talents tels que Sébastien Buemi, Jaime Alguersuari, Daniel Ricciardo, mais aussi et surtout Sebastian Vettel. S’il est avéré que Red Bull donne des ailes, JEV a quant à lui été pris sous l’aile de Red Bull, ce qui lui assure un avenir quasi-certain en F1 à plus ou moins long terme…pour peu qu’il obtienne des résultats dans les différentes catégories menant à la F1.

Vergne est le seul Français à ce jour à avoir décroché le titre en F3 anglaise.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Vergne a répondu parfaitement aux attentes de son tuteur pour l’instant : premier Français vainqueur du championnat de F3 anglaise en 2010, il remplaça en cours de saison Brendon Hartlay – un autre produit 100% Red Bull, plus décevant cette fois-ci – en World Series by Renault 3.5, avant de composter son ticket pour un premier bout d’essai en F1, lors des rookies tests à Abou Dabi fin 2010, déjà sur Toro Rosso. En 2011, le frenchie reprit du service en WSR 3.5, pour une saison complète cette fois-ci. En dépit d’une campagne réussie (il a terminé au titre honorifique de vice-champion), il n’est pas parvenu à prendre l’ascendant sur son coéquipier canadien Robert Wickens, chez Carlin Motorsport.

Vergne aurait sans doute préféré la même issue pour ce France-Canada automobile que lors de la coupe du monde de rugby.

Cela ne l’a pas empêché de participer à la FP1 à Yeongam, participation qui laisse entendre que l’un des deux vacataires actuels de Toro Rosso, Jaime Alguersuari et Sébastien Buemi, pourrait se retrouver sur la sellette l’année prochaine. Buemi est sans doute le fusible le plus susceptible de sauter, car ces récentes performances ont été en deçà de celles de son équipier espagnol, qui jouit en outre de l’appui financier du groupe pétrolier ibérique Cepsa, sponsorisant le team depuis le GP d’Italie. Preuve en est que Buemi est dans le collimateur de STR : c’est bien lui qui cédera sa place à JEV pour les deux prochaines FP1 à Abou Dabi et au Brésil, fait d’autant plus révélateur que cette pratique n’a pas cours dans d’autres écuries. LRGP par exemple alternera entre Senna et Petrov pour laisser le volant à Romain Grosjean. Il est vrai que l’équipe de Faenza avait depuis longtemps annoncé sa volonté de tester l’un des pilotes de la filière Red Bull, au détriment du pilote qui aurait inscrit le moins de points à l’issue du GP d’Inde. A ce jeu là, le Suisse s’est malheureusement vu distancé assez nettement par Alguersuari (26 points contre 15).

Cependant, Daniel Ricciardo, autre pilote sous contrat Red Bull, pourrait très bien briguer lui aussi le second baquet de Toro Rosso. L’Australien, titularisé chez HRT depuis Silverstone, détient en effet une plus forte expérience en GP que JEV et pourrait espérait monter en grade l’année prochaine chez la petite sœur de Red Bull. Mais l’affaire est loin d’être conclue : Ricciardo n’a pas particulièrement impressionné face à Tonio Liuzzi chez HRT, Liuzzi n’ayant lui-même pas convaincu ses employeurs. En outre, le contrat Red Bull de Ricciardo expire à la fin de l’année, de quoi représenter une fenêtre de tir pour Vergne.

JEV a réalisé le 13e temps lors de la FP1 du GP de Corée.

Conclusion

JEV a de véritables chances d’effectuer ses débuts en F1 chez Toro Rosso la saison prochaine, aux côtés de Jaime Alguersuari. Le Français détient en effet la pleine confiance de Red Bull, comme le montre son travail dans le simulateur de Milton Keynes courant Septembre, qui a permit au taureau rouge d’avoir les bons réglages pour encorner ses adversaires à Singapour, ainsi que sa participation aux rookies tests à Abou Dabi, le weekend du 15 au 17 Novembre. L’entrée en F1 de Vergne reste néanmoins suspendue à la décision de Red Bull de remercier Buemi et de ne pas bombarder Ricciardo pilote titulaire Toro Rosso. A défaut d’une place en 2012, Jean-Éric pourra se concentrer sur le titre WSR 3.5 et convoiter une place dans l’écurie pour 2013.

JULES BIANCHI

Il est des pires situations pour un pilote que d’être managé par le fils du président de la Fédération Internationale de l’Automobile (FIA), et d’appartenir au club des jeunes espoirs de la marque la plus prestigieuse des sports mécaniques. C’est le contexte dans lequel évolue Jules Bianchi, « coaché » par Nicolas Todt (qui gère les carrières de Felipe Massa et de Sébastien Bourdais, excusé du peu), fils de Jean Todt, actuel président de la FIA et ancien maitre d’œuvre de la Scuderia Ferrari. Le jeune français est de surcroit rattaché à la Ferrari Driver Academy, organe qui a pondu quelques jeunes loups tel que Sergio Perez.

C’est sur ces solides bases que Bianchi s’est aligné aux rookies tests de fin 2009 au volant d’une Ferrari, après avoir signé un contrat de pilote d’essais au service du cheval cabré. Dès lors, on aurait pu penser qu’avec un tel soutien son avenir était tout tracé et que les échelons à gravir jusqu’à la F1 ne serait que simple formalité. Il n’en fut rien. Promu en GP2 en 2010, Jules est allé de Charybde en Scylla, voyant sa saison émaillée d’accrochages et de disqualifications, avec en point d’orgue une blessure lors de la manche magyare, qui lui a valu plusieurs semaines à l’hôpital.

Néanmoins, le poulain du Cavallino Rampante a bien progressé en 2011 et s’est vu convié à un test comparatif au milieu du mois de Septembre à Fiorano face à Perez, à bord d’une F-2009. Le Français a finalement prit le dessus sur le Mexicain de près d’une demi-seconde et a reçu les louanges de tout le landerneau  de la F1 et plus particulièrement de la gestione sportiva.

Une épée de Damoclès au dessus de la tête. Est-ce la pression de Ferrari ? Toujours est-il que Bianchi peine à concrétiser en GP2.

Il n’en demeure pas moins que Jules doit encore faire ses preuves en GP2 et ambitionner de décrocher le titre en 2012. Car si on a longtemps vu le Français s’aligner auprès de Perez chez Sauber (moteur Ferrari aidant), en lieu et place de Kamui Kobayashi, Peter Sauber a finalement confirmé ses deux recrues actuelles pour le prochain exercice. L’horizon n’est pas plus éclairci chez Ferrari, où le contrat de Massa court jusqu’à fin 2012. Et même à cette échéance, il est probable que la Scuderia optera pour un pilote chevronné pour seconder Fernando Alonso, ou à défaut recrutera Sergio Perez, qui pourra alors justifier de deux années d’expérience en grand prix.

En attendant, Jules devra davantage convaincre ses pairs en GP2. La presse allemande, et plus précisément Autobild a annoncé, en marge du GP d’Inde, l’établissement futur d’un contrat de 3e pilote chez Force India. Cette fuite corroborerait l’hypothèse de la promotion de Nico Hülkenberg à un poste de titulaire au sein de l’écurie indienne ainsi que le limogeage d’Adrian Sutil, mais cela signifierait surtout davantage de temps de roulage pour le Français les vendredis matins.

Conclusion

Un baquet en F1 pour 2012 semble difficilement envisageable, et surtout prématuré. Jules devra d’abord se rassurer en GP2 en tentant de glaner le titre et engranger un maximum d’expérience avec Force India si les rumeurs de contrat s’avèrent fondées, auquel cas le tricolore pourra prétendre à la F1 à l’horizon 2013, sans doute chez Sauber à la place de Kobayashi, du fait des affinités entre Ferrari et l’écurie suisse.

CHARLES PIC

Charles Pic est sans doute le pilote français le plus inattendu de ce quatuor, et pourtant il est peut-être le mieux placé pour obtenir un volant pour la saison prochaine. Le jeune homme vient d’achever sa deuxième saison en GP2 et a fait sensation en finissant à la 4e place du championnat cette année. Outre ses bons résultats, Charles est soutenu financièrement par le Groupe Charles André (GCA), compagnie leader dans la logistique et le transport en Europe, qui appartient à sa famille. Le groupe exerce dans une multitude d’autres domaines qui touchent aussi bien aux hôtels qu’à la construction. L’entreprise familiale s’est d’ailleurs fait connaitre dans le monde de l’automobile pour être spécialisée dans le convoyage des produits Elf.

Pic a de plus signé en 2011 avec Lagardère Unlimited, qui s’occupera à présent de la gestion de sa carrière. La firme s’est ainsi assurée le concours d’Olivier Panis afin de manager Charles et le conseiller au mieux dans son ascension vers la F1. Ironie du sort, Panis avait intégré la F1 en 1994 en partie grâce au GCA, qui constituait à l’époque le sponsor principal de l’équipe de F3 (Winfield) du Grenoblois. Panis et Pic se sont de fait lancer dans une vaste campagne de prospection dans le paddock du GP du Japon afin de sonder les différentes équipes et dénicher d’éventuelles opportunités, entamant des pourparlers avec de nombreuses écuries, au rang desquelles : Team Lotus, Williams et Marussia Virgin Racing.

Tout le monde derrière Pic ! Le pilote français détient de nombreux soutiens, financier et managérial.

Cette dernière représente l’hypothèse la plus plausible, car Team Lotus vient de confirmer pour une année supplémentaire son duo de pilotes 2012, et Williams devrait accueillir le revenant Kimi Räikkönen l’année prochaine, aux côtés de Pastor Maldonado. Il était aussi prévu que Pic prenne part aux rookies tests de Novembre avec Toro Rosso, mais cette dernière a semble t-il coupé court à la relation. Le Français frappe donc à la porte de Marussia Virgin Racing, qui pourrait congédier Jérôme d’Ambrosio et se laisser séduire par les arguments financier et managérial de Pic.

Conclusion

Marussia Virgin Racing est une petite équipe, et comme tous les petits Poucet elle subit plus fortement que d’autres les effets de la crise économique. La lanterne rouge du championnat 2010 pourrait donc engager Pic en raison de ses atouts financiers, passant l’éponge sur son relatif manque d’expérience. On pourrait penser à tort que le Français se situe dans une situation idéale, mais Marussia Virgin Racing pourrait tout aussi bien se tourner vers Adrian Sutil (si l’Allemand se révèle être en partance de Force India), plus expérimenté et soutenu par le groupe Medion. L’équipe se retrouverait alors avec un tandem 100% germanique (Sutil et Timo Glock), propice à la rentrée de capitaux frais dans la structure.