Interview Mark Webber

17 03 2013

Retour avec Mark Webber sur 2012, ses relations avec Sebastian Vettel et avec l’équipe Red Bull, et sur ses ambitions pour 2013

Quel regard portez-vous sur votre saison ?

Mark Webber fut en lutte pour le titre jusqu'à mi-saison en 2012, décrochant de belles victoires à Monaco et à Silverstone.

Mark Webber fut en lutte pour le titre jusqu’à mi-saison en 2012, décrochant de belles victoires à Monaco et Silverstone.

C’est difficile à dire car certains moments font partie des meilleurs de ma carrière : tout dépend de ce qu’on prend en compte. En termes de classement au championnat ce n’est pas très reluisant, mais si on considère mes qualif’, il s’agit sans doute de ma meilleure saison. Ce n’est bien sûr pas la finalité, mais c’est un premier pas vers le succès. Je me suis donc amélioré dans ce secteur, malgré une baisse de rythme à mi-saison. On a subi trois courses d’affilée avec divers soucis et pénalités. On peut faire une liste complète des pépins rencontrés, mais au final nous n’avons tout simplement pas réalisé une campagne suffisamment solide pour obtenir mieux. Cela dit, on a aussi eu des moments forts.

Comment gérer vous le fait d’évoluer aux côtés de Sebastian, triple champion du monde ?

Seb’ a connu une formidable saison pour décrocher son troisième titre. Il faut lui tirer notre chapeau. Sa domination n’a pas été aussi forte qu’en 2011, ce qui était prévisible au vue de sa première partie de saison. Ce fut très serré en 2010, avec pas moins de cinq pilotes prétendants au titre, alors que cette année cela s’est résumé à un duel entre Seb’ et Fernando.

Est-ce que vous avez été déçu pour Fernando au vue du dénouement de la saison au Brésil ?

Je crois qu’il a réalisé un véritable sans faute cette saison, ce pour quoi il fut très déçu par son résultat final : il a tout donné, et n’a pas été récompensé. Mais il faut passer à autre chose. Est-ce que c’était sa meilleure saison en termes de pilotage ? On peut le dire en effet. Il ne pouvait pas faire beaucoup plus. Mais perdre de trois petits points… Heureusement que je l’ai passé à Silverstone, n’est-ce pas ?!

Comment se passe votre relation avec Sebastian à l’heure actuelle ?

Il y a eu des hauts et des bas, comme dans toute relation. Il y a des jours merveilleux et d’autres où il faut prendre sur soi. Mais nous nous respectons mutuellement. Mon intime conviction est qu’au regard des enjeux, être très proche est impossible. Après le GP d’Inde, les media allemands ont suggéré que nos relations s’étaient tendues : mais la réalité est que nous étions l’un à côté de l’autre dans l’avion de retour. Nous ne sommes pas les meilleurs amis du monde, aucun duo de pilotes ne l’a jamais été d’ailleurs, c’est juste inenvisageable en F1 – où alors il y a un truc qui cloche. Il y a donc toujours cette ambiance assez sèche. Les gens se rapprochent après la bataille. Par exemple, David Coulthard et moi étions de bons coéquipiers, avec du respect porté vers l’autre, mais sans plus. Cependant sitôt que David s’est retiré nous sommes devenus plus proches.

A quel point reconnaissez-vous que le travail des gars de Milton Keynes a porté ses fruits ?

C’est quelque chose auquel vous pensez lorsque la voiture marche bien, pas quand elle est arrêtée… vous y pensez quand vous menez les derniers tours d’un GP, vous prenez conscience des efforts que cela implique d’être à cette place. Être en tête, gagner… c’est quand vous êtes dans le coup que vous prenez la mesure des efforts consentis par tous.
Vous auriez été une petite souris à Monaco cette année, vous auriez été au courant de toutes les petites guéguerres et de la pression dans laquelle les gars travaillent – c’est impressionnant. C’est quand ça vous touche de près et que vous avez du succès que vous prenez réellement conscience du travail abattu par l’équipe. Il faut aussi voir à quelle vitesse l’auto évolue : jadis il y avait, au plus, une version B de la voiture, la FW14B etc… Mais à la fin de 2012, nous en étions à la version D de la RB8 – pareil chez McLaren, où ils ne nomment même plus leur voiture. C’est dire le rythme de développement.

Comment jugez-vous l’évolution de l’équipe depuis l’époque Jaguar ?

Il y a bien plus de moyens financiers, surtout au niveau de l’organisation. Nous disposons de plus d’infrastructures. Adrian est à la baguette, le véritable chef d’orchestre pour toute la partie design et philosophie générale de la voiture, chose la plus importante en définitive. Il s’agit d’une voiture de course et le but est de la rendre la plus rapide possible, sur tous les circuits, que ce soit en qualif’ ou en course. Tout le reste c’est de la poudre aux yeux – et c’est aussi l’avis d’Adrian.

F1 Racing n°168, Février 2013





1ère pole position d’une Mercedes depuis le GP d’Italie 1955 ! – Qualifications – Grand Prix de Chine

14 04 2012

Nico Rosberg a décroché ce samedi la première pole position de sa carrière, et a ainsi comblé ce qui semblait de plus en plus être une lacune de palmarès au regard de sa très bonne réputation. L’Allemand aura en effet du attendre pas moins de six années pour voir ses efforts récompensés. Mais cette attente n’est rien en comparaison du laps de temps qui a séparé les deux dernières poles de Mercedes en F1 : la firme à l’étoile a ainsi mis fin à une disette de 57 ans, la dernière pole position arrachée par l’écurie de Stuttgart remontant au GP d’Italie 1955, signée par Juan-Manuel Fangio !

Les résultats

Mais Mercedes ne s’est pas contentée de placer l’un de ses pilotes en pole aujourd’hui, elle profite aussi de la pénalité de 5 places de retrait sur la grille infligée à Lewis Hamilton, en raison du changement de sa boite de vitesses, pour monopoliser la première ligne avec Michael Schumacher en deuxième position !
Kamui Kobayashi confirme quant à lui la bonne passe de l’équipe Sauber en signant le 4e chrono, qui se mouvera en 3e place demain sur la grille. Kimi Raïkkönen est un très prometteur 4e, alors que Mark Webber se retrouvera intercalé entre les deux McLaren demain sur la grille. Dans la droite lignée du GP de Malaisie, Fernando Alonso et Sergio Perez ne se lâche pas d’une semelle, mais le Mexicain a cette fois-ci pris le dessus sur son adversaire ibérique.
Plus bas dans la hiérarchie, on peut constater la contreperformance de Sebastian Vettel, qui échoue aux portes de la Q3, à quelques trois dixièmes de son coéquipier Mark Webber. Le double champion du monde en titre a expliqué que la cause de son revers incombait aux nouveaux formats des échappements de la RB8, que l’Allemand étrennait ici à Shanghai.
De son côté, Felipe Massa termine la séance qualificative à une encore trop lointaine 12e place, mais a néanmoins réduit une partie de l’écart qui le sépare d’Alonso, faisant chuter celui-ci à trois dixièmes de seconde. Ensuite, les écuries du ventre mou du peloton et du bas de tableau ont chacune « louer » leur propre ligne de la grille : à Williams la 7e ligne, Force India la 8e, Toro Rosso la 9e (Jean-Éric Vergne ne parvenant pas pour la seconde fois consécutive à rejoindre la Q2). Caterham, Marussia et HRT suivent dans cette ordre jusqu’à la fin de la grille.

Ne pas courber l'é-Chine. Il faut remonter au GP du Brésil 2009 pour voir Vettel rester "scotché" en Q2.

L’écurie Mercedes a-t-elle résolu ses problèmes de pneus ?

Dès lors, une seule et unique question se pose : Mercedes et plus particulièrement Rosberg peuvent-il enfin concrétiser demain ? Tous les espoirs sont permis, car la trêve de trois semaines observée entre le GP de Malaisie et de Chine a permis à Mercedes de trouver les premières solutions à ses problèmes de pneus, qui ont ruiné ses deux premières courses. La situation pourrait même encore s’améliorer pour Mercedes si les prévisions météos venaient à être confirmées : un ciel nuageux pour la course, avec une température qui ne devrait que péniblement taper les 20°. Dans ces conditions, la W03 devrait être d’autant plus économe en gommes.
Par ailleurs, Rosberg n’a pas caché que la chute de température qui a eu lieu durant les qualifications (le mercure étant passé de 26 à 22°) avait grandement facilité les choses pour la W03 : ‘La température de la piste est descendue au fil de l’après-midi, ce qui a permis à nos pneus, arrières principalement, de fonctionner dans une fenêtre de tir optimale’, a déclaré un Rosberg impatient à l’idée de partir en tête dimanche. Ce dernier devra cependant se méfier de son équipier Schumacher, d’une part lors du début de la course, tant le septuple champion du monde s’est fait une spécialité des départs canons, et d’autre part sur l’ensemble de l’épreuve, en raison de la vitesse et de l’extrême régularité de Michael sur toute la longueur d’une course.
Pour rester sur le paramètre de l’économie des pneumatiques, une attention toute particulière devra être portée aux pilotes Sauber (très bien placés rappelons le), et dont la monoplace a pour grande qualité de n’être que peu gourmande vis-à-vis des Pirelli. De même, il faudra observer l’évolution de Romain Grosjean, certes 10e, mais dont le refus de boucler le moindre tour en Q3 lui a au moins permis de conserver un set de pneus tendres pour la course.





Bilan des deux premiers GP de la saison – Débriefing – Grand Prix d’Australie et Grand Prix de Malaisie

9 04 2012

Soyons clair : le début de cette nouvelle saison tient toutes ses promesses et augure d’un championnat riche en rebondissements. En effet, si d’un point de vue hiérarchique McLaren semble avoir mis un terme à l’hégémonie de Red Bull, Lotus, Mercedes, Sauber et Williams ne sont pas en reste et promettent d’animer le peloton cette année. En outre, 2012 sera l’année des révélations : sportive avec un Sergio Perez tout feux tout flamme qui est en train « d’exploser » chez Sauber, mais aussi technique, avec la (ré-)introduction du F-duct (et W-duct) de Mercedes, tant controversés. Rapport des forces en présence suite aux deux premières courses du championnat.

McLaren : l’art n’est pas mort !

Difficile de tirer des conclusions précises à ce stade de la saison. Le constat le plus évident, et peut-être le plus rassurant, consiste dans la relative supériorité des McLaren-Mercedes. En effet, l’écurie de Woking, qui a choisi sciemment de naviguer à contre-courant en refusant la philosophie des « marches » sur le museau des voitures, a tout simplement réalisé un carton plein en qualifications sur les deux premières épreuves, en monopolisant à chaque fois la première ligne de la grille.
Jenson Button, après avoir décroché une très belle victoire en Australie, aurait tout aussi bien pu viser le même résultat à Sepang s’il n’avait pas croisé le chemin de Narain Karthikeyan. Le Britannique avait en effet, comme cela est en train de devenir une habitude désormais, réussi à dénicher la bonne stratégie dans des conditions météorologiques très changeantes. Malheureusement, son incartade avec le pilote indien l’a relégué en dehors des points, mais au vue de la bonne forme de la MP4-27 et des nouveaux pneus Pirelli à « haute dégradation », on peut estimer que ce n’est que partie remise.

Sans cet accrochage stupide avec Karthikeyan, Button aurait pu prétendre à la victoire à Sepang.

De l’autre côté du garage McLaren, Lewis Hamilton témoigne toujours d’une pointe de vitesse exceptionnelle et d’un sens de l’attaque particulièrement aiguisé en qualifications. Las, cet avantage sur un tour se métamorphose en inconvénient le dimanche avec les nouveaux Pirelli, souffrant du pilotage agressif de l’Anglais. Ce dernier doit encore progresser sur cet aspect capital des courses modernes et parvenir à remobiliser l’équipe autour de lui, comme ce fut le cas à ses débuts en 2007/08/09. S’il n’y parvenait pas, nul doute que la tentation d’aller voir si l’herbe est plus verte  ailleurs en 2013 se fera ressentir…

Red Bull : une première banderille pour le taureau rouge

Il s’agit là de la première zone d’incertitude de ce début de saison. Après la suprématie des taureaux de Milton Keynes en 2010 et 2011, on savait que cette nouvelle saison allait être le témoin d’une corrida acharnée. Et après les GP d’Australie et de Malaisie, il semble bien que les toréadors soient parvenus à faire mettre un genou à terre à l’écurie double championne du monde en titre. Mais attention : une bête blessée reste toujours dangereuse.

Le coup de chaud de Kuala Lampur a quelque peu refroidi les prétentions de Vettel en ce début de saison.

Red Bull semble souffrir en ce début de saison de l’interdiction du diffuseur soufflé, autrefois apanage et fierté d’Adrian Newey. Cependant, la belle remontée de Sebastian Vettel en Australie, où il se fit un chemin depuis la 6e place jusqu’à la deuxième marche du podium, ainsi que sa superbe qualification, en pneus durs en Malaisie, soulignent que l’Allemand est disposé à remettre l’ouvrage sur le métier et que sa voiture, si elle n’est peut-être pas la F1 ultra-dominatrice des deux dernières saisons, sera à n’en pas douter dans le coup cette année.
Il sera intéressant de voir la réaction de Vettel après ce début de championnat quelque peu laborieux, et d’observer plus particulièrement son comportement dans des conditions difficiles et dans un environnement très concurrentiel. On a souvent entendu dire que Vettel ne détenait aucun mérite à voguer vers la victoire en partant tranquillement depuis la pole position à chaque GP. Celui-ci se voit offrir une opportunité de tordre le cou à ces préjugés. Il doit pour cela continuer à souder l’équipe autour de lui et regagner son sang-froid, c’est à dire en n’adoptant pas de réactions disproportionnées lorsque un grain de sable vient troubler son plan de marche. En effet, l’Allemand ne doit pas réitérer ses agressions verbales observées envers Karthikeyan suite à l’accrochage qui a ruiné la course en Malaisie, et se reconcentrer pour remédier au plus vite aux petits problèmes que rencontre le châssis de la RB8.

Ferrari : l’arbre qui cache la forêt

On n’aimerait pas se retrouver dans la position actuelle des membres de l’équipe Ferrari : une disette de titre constructeurs depuis 2008, et de titre pilote depuis 2007 et le sacre de Kimi Raïkkönen ! Aberrant pour une marque aussi prestigieuse et jouissant de moyens financiers et techniques à nul autre pareil. La restructuration de l’équipe entamée avec le limogeage du directeur technique Aldo Costa au profit de Pat Fry, en provenance de McLaren, n’a pas encore porté ses fruits et le cheval cabré semble même s’être totalement fourvoyé en s’obstinant à adopter une philosophie radicale pour la conception de la F2012.
Cependant, les premiers résultats de la saison, quel qu’ils soient, doivent être pris avec des pincettes. En effet, la contre-performance enregistrée en Australie, sur un circuit pour le moins atypique et non représentatif de la plupart des tracés, et la victoire de Kuala Lampur, glanée dans des conditions météos versatiles, ne permettent pas de se faire une idée exacte de la véritable valeur du nouveau pur-sang de Maranello. Les saisons passées, les monoplaces rouges souffraient d’un sous-viragechronique qui déséquilibrait la voiture.

'La victoire ne change rien,' a déclaré un Fernando Alonso réaliste au soir du GP de Malaisie.

Or, avec les nouvelles réglementations 2012 conférant aux nouvelles voitures une propension au sur-virage, on pourrait penser que la nouvelle Ferrari ai trouvé un nouvel équilibre naturel, et que les déclarations du staff italien, estimant ne pouvoir viser le titre cette année, ne soit que de l’intox et une façon d’avancer masqué. A voir. Reste qu’entre le GP de Malaisie et le GP de Chine, la Scuderia dispose de trois bonnes semaines pour phosphorer et apporter des premières améliorations sur la voiture.
Après tout, pour une équipe supposée être « à la rue », Ferrari et surtout son pilote numéro 1 Fernando Alonso ont plus que sauvé les meubles : l’Espagnol trône en tête du classement pilotes et la Rossa occupe la 3e place du championnat constructeur, à 20 longueurs de McLaren et à 7 petits sésames de Red Bull.

Mercedes : le talon d’Achille : les pneus

En termes de vitesse pure, la firme à l’étoile a opéré un bond en avant indéniable cette année. En qualifications, les flèches d’argent représentent sans doute à l’heure actuelle la deuxième force du plateau, grâce à l’implémentation d’un nouvel F-duct « passif », qui permet, en actionnant le DRS (Drag Reduction System), de libérer deux petites canalisations situées à l’intérieur de l’aileron arrière afin de rediriger le flux d’air sur l’avant de la monoplace et de caler/stabiliser l’aileron avant et réduire par conséquent  les turbulences à la sortie de celui-ci.

Le F-duct "passif" est-il légal ? Réponse définitive au GP de Chine.

Cependant, en course la Mercedes W03 souffre d’un grave problème au niveau des pneus. En effet, la monoplace argentée est extrêmement gourmande et exigeante vis-à-vis des nouvelles gommes Pirelli. Par conséquent, les Mercedes connaissent une chute mirobolante de leur performance entre les qualifications et la course. Un seul point grappillé lors des deux premières manches et une 9e place au championnat constructeurs absolument pas représentative des capacités tacites de la W03
Au moins les axes d’amélioration sont clairs pour l’écurie de Brackley lors de cette trêve de trois semaines. Cependant, il ne faut pas occulter les remarquables performances de Michael Schumacher, qui a renvoyé à deux reprises en deux séances de qualif’ son équipier Nico Rosberg à ses chères études. Le septuple champion du monde semble avoir trouvé une seconde jeunesse, et il est vraiment dommage que sa course ait été écourtée à Melbourne en raison d’un problème de boite de vitesses, et que sa course malaisienne soit compromise suite à un accident avec Romain Grosjean.
En somme, si Mercedes parvient d’ici Shanghai à pallier à ses problèmes de pneus, ses problèmes mécaniques et ne soient pas l’objet d’accrochages stupides, alors tous les espoirs seront permis, y compris ceux de podiums et de victoires

Lotus : tout à gagner

Encore une zone d’ombre. Personne n’oserait dire que la nouvelle Lotus n’est pas dans le coup cette saison, mais comme c’est le cas pour d’autres écuries, l’équipe d’Enstone a peiné à concrétiser en résultats tangibles ses belles prestations en qualifications. Les 3e et 5e places de Grosjean lors des deux premières séances de qualif’ semblent démontrer que Lotus F1 Team se partage le titre honorifique de 3e force du plateau avec Mercedes. Mais là encore, nous ne parlons que de classement virtuel, car en course le pilote français n’a jamais pu couvrir plus de deux tours. Difficile donc de connaitre la véritable valeur de la voiture sur toute une course, même si Romain assure que des podiums réguliers représentent des objectifs réalistes.

A contresens. Grosjean a fait preuve d'une grande célérité pour son retour, mais a aussi souvent confondu vitesse et précipitation.

Dans le même ordre d’idée, Raïkkönen aurait-il pu se battre pour le podium en Australie et en Malaisie s’il n’avait pas été pénalisé lors de ses deux séances de qualifications ? Et s’il n’aurait pas fait l’objet d’un KERS défaillant en Malaisie et de problèmes de direction récurrents sur la Lotus ? Une perte de temps dans les stands en Australie l’a empêché de boucler un tour pour se hisser en Q2 et une pénalité de 5 places sur la grille en Malaisie, suite à un changement de boite de vitesses, ont compromis les courses d’Iceman, en dépit de belles remontées dans les deux cas. On a hâte de voir le résultat lorsque Grosjean ne commettra pas d’impairs et que Raïkkönen débutera un GP à une place réellement représentative de sa pointe de vitesse.
De nouveaux enseignements arriveront peut-être plus tôt que prévue, dès le GP de Chine par exemple…

Le retour de  la théorie du complot…

L’erreur de Sergio Perez alors que celui-ci talonnait Fernando Alonso à six tours du drapeau à damier du GP de Malaisie a fait couler beaucoup d’encre. Et pour cause : des suspicions sont d’emblée apparues quant à la véritable volonté de l’écurie helvétique d’aller chercher la première place au détriment de son fournisseur de moteurs… Ferrari, d’autant plus que le Mexicain venait de recevoir un message radio équivoque : Checo [surnom donné à Sergio Perez, NDLR], fais attention, nous avons besoin de ce résultat’. La lumière ne sera jamais faite sur cette affaire, mais ce scénario demeure peu probable à l’heure où le cheval cabré ne joue pas le titre. De plus, le fait que Perez et Sauber échouent à la deuxième place semble davantage le fait d’une succession de petites erreurs de « débutant ».

La course était déjà perdue pour Sauber avant l'erreur du Mexicain au 50e tour.

Rappelons-nous que le pilote mexicain n’en est qu’à sa seconde saison en F1 et que l’équipe suisse, en dépit d’une présence sur la grille proche de 20 ans, ne s’était jamais retrouvée en position de jouer la gagne. Face au double champion du monde Fernando Alonso et à l’équipe chevronnée du Cavallino Rampante, cela représentent des déficits d’expérience considérables.
Sergio Perez n’a en effet pas perdu le GP au moment de son écart de trajectoire : une première erreur a été produite lors de son changement de pneus au 41e tour. Le Mexicain avait alors le choix entre deux options gagnantes : soit rentrer plus tôt qu’Alonso pour chausser des slicks et claquer des tours ultra-rapides alors que l’Espagnol voyait ses intermédiaires partir en déconfiture sur une piste s’asséchant, soit à l’inverse retarder d’un tour supplémentaire son pit-stop afin de bénéficier de l’avantage de pneus à température alors qu’Alonso devait lui s’employer à chauffer ses slicksSauber a finalement opté pour une stratégie conservatrice qu’on ne pourra lui reprocher au regard de son manque d’expérience. L’écurie suisse a en effet choisi une 3e option, médiane mais surtout de « suiveuse », s’empressant de faire rentrer Perez un tour après Alonso, calquant sa stratégie, avec un temps de retard, sur la Scuderia.
Deux autres erreurs, toujours dans les stands : des problèmes d’embrayage lorsque la C31 a été relâchée de son emplacement, puis un premier virage mal négocié par le Mexicain, qui lui ont valu de précieuses secondes. Pour finir, pourquoi avoir envoyé un message codé à Perez alors que les consignes de course ont été  ré-autorisées récemment ? Ce message ne devait pas signifier une interdiction de dépasser la Ferrari, mais simplement de redoubler de vigilance sur une piste piégeuse alors que Sauber se dirigeait vers le meilleur résultat de son histoire.

Massa dans le rouge ?

Rien ne va plus pour le Brésilien : distancé en Australie en raison de problèmes de châssis, Massa n’a été que l’ombre de lui-même en Malaisie alors que son équipier Alonso triomphait des éléments pour conquérir une victoire inespérée au volant de la rétive F2012. Cette fois-ci, la faute incombait aux pneus Pirelli. Si la Scuderia fait front avec le natif de Sao Paulo devant les média, de nombreuses questions se font jour quant à la capacité du Brésilien à terminer sa saison chez Ferrari. Effectivement, alors que Felipe galérait en queue de peloton avec les Caterham, Perez, issu de la filière des jeunes pilotes Ferrari est-il nécessaire de le rappeler, menait la vie dure à Alonso. Comme un contraste… et tout cela sur une « modeste » Sauber.

Massa doit faire face à de nombreuses critiques en ce début de saison.

2012  pourrait donc donner lieu à un véritable shootout contre le pilote brésilien, qui officie au sein de la Rossa depuis 2006. La volonté de Ferrari de rafraichir son line-up, et l’opportunité de tester Jules Bianchi (bientôt un quatrième pilote français en F1 ?) en conditions de course chez Sauber, si Perez venait à être promu pilote Ferrari, constituent des arguments suffisant pour justifier le renvoi de Felipe Massa.
Néanmoins, il est probable que la Scuderia attende d’abord une réaction de son second pilote à la suite du break de trois semaines qui sépare le GP de Malaisie du GP de Chine. De même, le possible remerciement de Massa représenterait ni plus ni moins une rupture abusive de contrat, et nuirait à la stabilité de l’équipe, ce dont Ferrari se passerait bien à l’heure où ses performances implicites sont en berne. Il semble évident que Felipe n’effectuera pas une huitième saison en rouge, mais si le Brésilien parvient à redresser la barre durant les prochaines courses, il pourra alors envisager d’aller au bout de son engagement avec le Cavallino Rampante.

Ça bouge dans le peloton

Passées les têtes d’affiche, d’autres bonnes surprises sont à signaler en ce début de saison. Williams tout d’abord, qui a fait montre d’une bonne pointe de vitesse, par exemple lorsque Maldonado a suivi sans aucun mal la Ferrari d’Alonso durant de nombreux tours sur l’Albert Park, ou bien lorsque Bruno Senna est remonté des tréfonds de la grille jusqu’à une probante 6e place en Malaisie. Il est simplement dommage que Maldonado ai du abandonner à un tour du but lors des deux GP, en raison d’une erreur de pilotage en Australie, puis d’une casse moteur à Sepang. Les résultats de l’écurie de Grove laissent apparaitre en filigrane une dynamique positive, tout autre que celle observée en 2011, où Williams n’avait inscrit que 5 points au championnat constructeurs. Il n’aura fallu en effet que deux courses en 2012 pour que l’équipe anglaise dépasse son score de l’an passé…Tout est dit.

Caterham et Williams semblent avoir revu leurs objectifs respectifs à la hausse cette saison.

Plus bas dans la hiérarchie, Caterham commence à toucher les fruits de son travail en s’approchant très clairement du ventre mou du peloton. Ainsi, Heikki Kovalainen a réalisé en Malaisie un tour de qualification situé à seulement trois dixièmes de Jean-Éric Vergne… Et avec un package doté du moteur Renault, d’une boite de vitesses et d’un KERS (enfin !) estampillés Red Bull, tous les espoirs sont permis.
De bonne augure pour les premiers points de l’histoire de l’écurie en 2012, objectif avoué de Caterham cette saison.

La F1 est-elle capable d’apprendre de ses erreurs ?

La F1 a échappé au ridicule en Malaisie. Comme c’est le cas depuis 2001, le formula one circus se déplace à Sepang en pleine période de mousson. Comme c’est le cas depuis 2009, le départ est donné en fin d’après-midi, peu de temps avant le crépuscule. Comme ce fut le cas en 2009, la course a été arrêtée au drapeau rouge du fait des intempéries. Au contraire de 2009, la course a finalement pu reprendre son cours mais la supposée catégorie reine du sport auto a frôlé la fumisterie.
A l’heure où Bernie Ecclestone déclare que l’avenir de la F1 n’est plus en Europe, faute de spectateurs, il y a un fond d’ironie à observer que la la discipline se force à courir aux antipodes tout en retardant l’horaire des départs pour satisfaire le public…européen ! En témoignent l’Australie, Singapour, et consort… Et que, au passage, les tribunes ne sont sans doute pas aussi remplies en Malaisie qu’en Belgique (loin de là !). Les autorités sportives feront-elles preuve de sagesse en changeant la date du GP de Malaisiepour un créneau plus tardif dans le calendrier ? L’heure initiale du départ de la course sera t-elle rétablie à l’avenir ? Rien n’est moins sûr…

Risible. Vous avez oublié de passer à l'heure d'été ce weekend ? Pas grave, la F1 a retardé son départ de près d'une heure !